Quel état des lieux pour l’économie française en ce dernier trimestre 2020 ?
Les prévisions annonçaient un recul du PIB de -9,5% en France en cette fin d’année, mais ce recul sera finalement de -8,4%. Cela s’explique notamment par une diminution de l’activité du second trimestre moins importante que prévue, la rapidité de la relance depuis mai ainsi que l’impact du plan de relance mis en place par le gouvernement. Bien que l’économie soit marquée par des forces récessives, leurs impacts sont amortis grâce au soutien public.
On peut également noter que l’économie française est revenue en septembre à 95% de son niveau d’activité. Ce rebond de l’économie survenu à la sortie du premier confinement laisse croire que le même phénomène sera observable à partir du premier trimestre 2021.
Il semble que l’emploi soit en France la problématique principale en matière de restauration de l’économie. 715 000 emplois ont été supprimés depuis juin 2020. Les principaux touchés sont évidemment les contrats modulables (CDD, intérim), mais ce sont parallèlement ceux qui reviennent doucement à la hausse depuis ces derniers mois. Fort heureusement, le dispositif du chômage partiel, prolongé en septembre 2020, permet aux entreprises d’ajuster l’activité de leurs CDI. Nous recommandons au passage cet article de Caractère qui aborde la thématique du dispositif d’activité partielle de longue durée pour la filière imprimerie.
Prenant en compte le dispositif du chômage partiel longue durée et la reprise progressive des emplois courts, la casse sur l’emploi salarié pourrait être limitée à -600 000 en cette fin d’année, réalité moins rude que les projections précédemment annoncées (-900 000).
Quelles conséquences pour l’imprimerie et les activités graphiques fin 2020 ?
Le chiffre d’affaires du secteur de l’imprimerie reculera de 9% en 2020. Fortement touché par la crise, les imprimés publicitaires sont la branche souffrant le plus de la situation, notamment en raison de l’annulation de la plupart des événements. La relance semble plus rapide pour les imprimés administratifs, commerciaux et fiduciaires.
Plus généralement, les études affirment que les imprimeurs arriveront à surmonter la crise. Le dispositif du chômage partiel permet de couvrir les frais de personnel, principal poste de charge des imprimeurs. De même, l’Etat devrait soutenir les TPE avec plusieurs mesures de soutien telles que le Fond de solidarité ou l’annulation des charges sociales… De même, les imprimeurs présentent en général un niveau de trésorerie élevé, un faible ratio d’endettement et ne connaissent pas de problème en matière de stock (matières premières périssables).
COVID : quels changements pour le futur ?
Développement de la vente en ligne entre professionnels (B2B)
L’ensemble des restrictions mises en place à l’échelle planétaire ont fortement impacté le quotidien de chacun, et plus particulièrement la façon de consommer. Les commerces étant fermés, l’unique façon de pouvoir faire des achats était sur internet. Ainsi, la crise sanitaire actuelle a permis l’accélération du commerce en ligne et l’évolution des comportements en ce sens. C’est d’ailleurs ce que montre l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un récent communiqué : que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, le graphique ci-dessous met en évidence la forte croissance de cette tendance.
Nous sommes donc légitimement en droit de penser que cette accélération en faveur du e-commerce va avoir un impact certain sur le secteur de l’imprimerie. Les comportements des utilisateurs B2C se transposent de plus en plus dans le monde du B2B. Si en 2019 les études annonçaient que le web-to-print représenterait 40% du marché de l’impression en Europe de l’Ouest, il est fort à parier que cette estimation sera bien plus importante qu’initialement prévue en 2020.
Nous vous invitons d’ailleurs à prendre connaissance du livre blanc de la Fédération E-Commerce et Vente à Distance (FEVAD) qui présente les chiffres clés de 2019. On y apprend notamment que “sur les 2 dernières années, les ventes BtoB via sites web ont fortement augmenté, de près de 50%. Elles totalisent en 2017 un chiffre d’affaires de près de 150 milliards d’€, 126 milliards d’€ par les entreprises de plus de 10 personnes auxquels s’ajoutent plus de 15 milliards d’€ par celles de moins de 10 personnes (enquête INSEE TIC-TPE 2016).”
L’écologie : accélération d’une prise de conscience collective
Notamment développée par Greenpeace, l’idée que la crise sanitaire met en évidence les limites de l’hypermondialisation semble faire écho auprès de chacun. Il semble émerger une nouvelle conscience collective dont la volonté est de reconstruire des sociétés résilientes face aux dérèglements à venir. En matière de consommation, cette tendance se traduit par de nouveaux comportements : une étude récente proposée par Sendcloud pointe le fait que 47% des consommateurs ont préféré commander auprès de commerçants locaux pour soutenir l’écosystème Français.
Cette tendance risque très certainement d’avoir un impact sur le monde de l’imprimerie, notamment en matière de consommation de papier. Les entreprises attachent de plus en plus d’importance au respect de l’environnement. Elles sont conscientes que les mentalités changent et avec elles les attentes de leurs clients. Les papiers 100% recyclés restent encore globalement plus coûteux que les papiers classiques. Peut-être s’orientera-t-on, avec le même budget, sur des volumes d’impression moins importants pour compenser des papiers plus coûteux mais respectueux à 100% de l’environnement, à l’image du “consommer moins mais consommer mieux”.
De nouvelles opportunités vont apparaître et il semble nécessaire que chaque imprimeur intègre à ses valeurs cette volonté de préservation et de respect de l’environnement. Nous observerons donc comment la consommation de papier PEFC, FSC ou recyclés évoluera dans les mois à venir.